Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume 8 page 308 colonne de droite de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert
…l’ouvrage intérieur, orner les boîtes de leurs montres ; il faut pour cela qu’ils fassent choix d’habiles artistes, graveurs et émailleurs.
21°. Les ouvriers qui font les chaînes d’or pour les montres, soit pour homme, ou pour femme ; les bijoutiers et les horlogers en font.
Je ne parle pas ici d’un très-grand nombre d’ouvriers qui ne font uniquement que les outils et instruments dont se servent les horlogers ; cela serait long à décrire, et n’est d’ailleurs qu’accessoire à la main-d’œuvre
On voit par cette division de l’exécution des pièces d’Horlogerie, qu’un habile artiste horloger ne doit être uniquement occupé,
1°. Qu’à étudier les principes de son art, à faire des expériences, à conduire les ouvriers qu’il emploie, et à revoir leurs ouvrages à mesure qu’ils se font.
2°. On voit que chaque partie d’une pendule ou d’une montre doit être parfaite, puisqu’elle est exécutée par des ouvriers qui ne font toute leur vie que la même chose ; ainsi ce qu’on doit exiger d’un habile homme, c’est de construire ses montres et pendules sur de bons principes, de les appuyer de l’expérience, d’employer de bons ouvriers, et de revoir chaque partie à mesure qu’on l’exécute ; de corriger les défauts, lorsque cela l’exige : enfin, lorsque le tout est exécuté, il doit rassembler les parties, et établir entre elles l’harmonie, qui fera l’âme de la machine. Il faut donc qu’un tel artiste soit en état d’exécuter lui-même au besoin toutes les parties qui concernent les montres et les pendules ; car il n’en peut diriger et conduire les ouvriers que dans ce cas, et encore moins peut-il corriger leurs ouvrages s’il ne sait pas exécuter. Il est aisé de voir qu’une machine d’abord bien construite par l’artiste, et ensuite exécutée par différents ouvriers, est préférable à celle qui ne serait faite que par un seul, puisqu’il n’est pas possible de s’instruire des principes, de faire des expériences, et d’exécuter en même temps avec la perfection dont est capable l’ouvrier qui borne toutes ses facultés à exécuter.
A juger du point de perfection de l’Horlogerie par celui de la main-d’œuvre, on imaginerait que cet art est parvenu à son plus grand degré de perfection, car on exécute aujourd’hui les pièces d’Horlogerie avec des soins et une délicatesse surprenante ; ce qui prouve sans doute l’adresse de nos ouvriers et la beauté de la main-d’œuvre, mais nullement la perfection de la science, puisque les principes n’en sont pas encore déterminés, et que la main-d’œuvre ne donne pas la justesse de la marche des montres et pendules, qui est le propre de l’Horlogerie. Il serait donc à souhaiter que l’on s’attachât davantage aux principes, et qu’on ne fit pas consister le mérite d’une montre dans l’exécution, qui n’est que l’effet de la main, mais bien dans l’intelligence de la composition, ce qui est le fruit du génie.
L’Horlogerie ne se borne pas uniquement aux machines qui mesurent le temps ; cet art étant la science du mouvement, on voit que tout ce qui concerne une machine quelconque peut être de son ressort. Ainsi de la perfection de cet art dépend celle des différentes machines et instruments, comme, par exemple, les instruments propres à l’Astronomie et à la Navigation, les instruments des Mathématiques, les machines propres à faire des expériences de Physique, etc.
Le célèbre Graham, horloger de Londres, membre de la société royale de cette ville, n’a pas peu contribué à la perfection des instruments d’Astronomie, et les connaissances qu’il possédait dans les différents genres dont nous avons parlé, prouvent bien que la science de l’Horlogerie les érige toutes.